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La Mouette
Les dramaturges contemporains farcissent leurs œuvres uniquement d’anges, de gredins et de bouffons.
J’ai voulu être original, chez moi il n’y a pas un seul brigand, pas un seul ange (quoique je n’aie pu me passer de bouffons), je n’ai accusé personne, ni acquitté personne.
Anton Tchékhov
Résumé
- Une photographie de la production 1898 de théâtre d’art de Moscou "de la mouette" : à gauche Mme. Roksanova (Nina), et à droit Stanislavsky dans le rôle de Trigorin.
Dans La Mouette un jeune homme s’affronte à sa mère, cherche en vain à lui faire reconnaître sa valeur, puis finit par déclarer forfait. Le jeune homme voudrait bien transformer le monde - et, pour lui, cela veut dire réinventer le théâtre ; la mère et son amant, eux, préfèrent prendre leur plaisir en pactisant avec l’art et le monde tels qu’ils sont. Narcissisme de l’adolescence contre égoïsme de l’âge mûr ?
Tchékhov a fait de l’art le terrain de prédilection des passions, des illusions et des conflits des personnages de La Mouette. Ici, si l’on n’est pas artiste, on aurait voulu l’être : il n’est pas jusqu’au régisseur du domaine ou au médecin du district qui ne soit obsédé par l’engagement artistique, comme s’il était la seule réparation possible pour des vies évidées de sens, le lieu rêvé de la jouissance au milieu de tant de frustrations.Ce diagnostic acerbe sur la fonction compensatoire de l’art, ce scepticisme devant l’espoir de rédemption qui s’y attache, sont au cœur d’une pièce dont le dispositif ironique atteint de plein fouet, aujourd’hui encore, quiconque s’y attaque.